Par Olivier Tessier
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Dans le cadre du congé de Pâques (et de mes 18 ans), mes parents nous ont amenés, moi et mon frère, à Québec pour voir un humoriste ayant le syndrome d’Asperger, Louis T.

Le spectacle, intitulé «Objectivement parlant», était divisé en deux parties. La première, destinée à réchauffer le public, était animée par Eddy King, un humoriste québécois d’origine française ayant de la parenté au Congo. Par ailleurs, j’ai pu remarquer son accent français. À un certain moment, il a fait une blague à propos de P.K. Subban et des séries éliminatoires de la LNH. En effet, il a affirmé que, suite à l’échange du hockeyeur vers Nashville, il aurait contacté sa parenté au Congo pour recruter des sorciers qui empêcheront le Canadien de gagner. Il a même dit, pour sa prévision des quarts de finale, «Rangers en 3 [matchs]!». Pour un réchauffement du public, c’était très réussi, M. King.
L’autiste qui brille sur scène
Vient ensuite l’autre partie, animée par LE Louis T. Il a abordé plusieurs thèmes, dont l’ingénierie, la mortalité au Canada et la situation politique du Québec. Mais, à mon avis, le sujet le mieux décrit est l’autisme. Ayant lui-même cet état, il nous montrait le spectre de l’autisme, de ceux de haut niveau (comme lui et moi) aux «Gna-gna-gnas», moquant les autistes de bas niveau. Mais ce n’était pas vraiment une insulte contre eux. Il s’agissait, selon moi, d’un moyen humoristique de les aborder. Louis T a même blagué sur sa condition, en justifiant chaque acte «bizarre» par son «papier du médecin». De plus, lorsqu’il parlait de mortalité canadienne, il a commenté, avant de les présenter, les données de Statistiques Canada en disant «Faites confiance aux nombres, je suis autiste». Il faisait référence à l’intelligence «supérieure» de certains autistes.
Petite anecdote
Lors de ses opinions comiques sur l’ingénierie, il a demandé au public s’il se souvenait des dépassements des coûts lors de la construction du métro de Laval dans les années 1980. Étant né en 1999, je n’avais jamais entendu parler de cet incident. Pour jouer mon petit comique, j’ai répondu «non» en pensant qu’il n’allait pas m’entendre. À ma grande surprise, Louis a répliqué «Bon, alors on passe à autre chose». Par déduction, j’ai constaté qu’il m’avait bel et bien entendu. Je n’avais jamais pensé que cet humoriste possédait une ouïe fine.
Pour conclure, j’aimerais souligner que, contrairement aux stéréotypes, ce ne sont pas tous les autistes qui ont de la difficulté en ce qui est des contacts sociaux. En effet, Louis T n’avait aucun problème ni gêne à interagir avec son public. De plus, ce n’est pas le «papier du médecin» qui va l’empêcher de nous faire rire et réfléchir sur le spectre de l’autisme. Je souhaite aussi, à ceux ayant cette condition et l’ambition de poursuivre leurs objectifs, une réussite immensurable. Et faites-moi confiance, je suis autiste.